Cancer et précarité

La prise en charge du cancer a connu de grands progrès, faits de succès thérapeutiques et de prise en compte des besoins psycho-sociaux. Cependant, un risque demeure lorsqu'il survient : la précarité.

Selon le fondateur d'ATD Quart Monde, le P. J. Wresinski, la précarité se définit comme « l'absence d'une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d'assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. L'insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives. » (J.Wresinski, « Grande pauvreté et précarité économique et sociale », Journal Officiel, Paris, 1987, p. 14.).

La précarité peut devenir une des conséquences de la survenue du cancer dans une vie personnelle et familiale. Car la maladie entraîne des pertes et des coûts : relations brisées, perte de travail, diminution des revenus, impossibilité de rembourser un prêt, ou surcoûts dus aux soins non pris en charge dans leur intégralité, aux nécessités nouvelles de garde d'enfant ou de services à domicile, ...
Elle peut aussi se surajouter, dans le cadre de la maladie, à un état de précarité préexistant (emploi précaire, travail indépendant ou en PME, emploi à temps partiel, ...) et causer une double peine avec la chute des revenus voire la perte d'emploi. Selon une enquête de 2004, 28 % des personnes atteintes d'un cancer pouvaient être considérées comme pauvres selon les critères de l'Insee.

Dans le cas de la maladie cancéreuse, la précarité reste en partie due au regard social qui est toujours posé sur elle et pousse à une stigmatisation. Un cercle vicieux peut naître : annonce du diagnostic ⇒ premiers traitements ⇒ premières absences ou ralentissement de la cadence de travail ⇒ difficultés au travail ⇒ perte d'emploi ⇒ difficultés financières ⇒ problèmes de remboursements de prêts pré-existants ⇒ ...
Ce sont aussi les constats de l'Observatoire sociétal du cancer (cf. article La parole aux malades : l'Observatoire sociétal des cancers), dont l'une des thématiques de travail a été cancer et paupérisation.